MASQUES AFRICAINS

En Afrique , l'institution des masques est associée  à des rites agraires , funéraires et initiatiques .

" Dés la plus haute Antiquité , elle apparaît  à cette phase de l'évolution où les peuples deviennent agriculteurs et sédentaires.

Jean Laude a écrit sur les masques africains , sculpture en mouvement , un des meilleurs chapitres de son livre sur Les Arts de l ' Afrique Noire . Nous lui empruntons les données principales de cette note ( Laua , 196 , 201-203 , 250-251 )

Les danses en processions masquées évoquent , à la fin des travaux saisonniers ( labours , semailles , moissons ) les évènements des origines et l'organisation du monde , ainsi que de la société africaine .

Elles font plus que de les rappeler ; elles les répètent , afin d'en manifester la permanente actualité et de réactiver en quelque sorte , la réalité présente , en la rapportant à ces temps fabuleux où la conçut le Dieu , avec l' aide des génies .

Par exemple , les danseurs masqués des Karumba font les gestes du héros civilisateur Yirigué et de ses enfants , descendus du ciel , porteurs de masques .

Les danseurs Dogon portent des masques Kanoga ( mot qui signifierait notamment : Main de Dieu ) et répètent par un mouvement circulaire de la tête et du buste , les gestes du Dieu, en créant , fonda l'espace .

Les masques africains raniment , à intervalles réguliers , les mythes qui prétendent expliquer les origines des coutumes quotidiennes .

D'après les symboles , l' éthique se présente comme une réplique de la cosmogénèse .

Les masques africains remplissent une fonction sociale : les cérémonies masquées sont des cosmogonies en acte qui régénèrent le temps et l' espace , elles tentent par ce moyen de soustraire l' homme et les valeurs dont il est dépositaire à la dégradation qui atteint toute chose  dans le temps historique .

Mais ce sont aussi de véritables spectacles cathartiques , au cours desquels , l' Homme prend conscience de sa place dans l' Univers , voit sa vie et sa mort inscrites dans un drame collectif qui leur donne un sens .

Dans les rites d'initiation , le masque africain prend un sens quelque peu différent.

L' initiateur masqué incarne le génie qui instruit les hommes ; les danses masquées insufflent dans l' adolescent cette persuasion qu'il meurt à sa condition ancienne pour naître à sa condition d' adulte .

Les masques africains revêtent , parfois , une puissance magique : ils protègent ceux qui les portent contre les malfaiteurs et les sorciers , ils servent aussi à des membres de sociétés secrètent pour imposer leur volonté en effrayant .

Le masque africain est aussi un instrument de possession : il est destiné à capter la force vitale qui s' échappe d'un être humain ou d' un animal au moment de sa mort.

Le masque Africain transforme le corps du danseur qui conserve son individualité et , s'en servant comme un support vivant et animé , incarne un autre être : génie , animal mythique ou fabuleux , qui est ainsi momentanément figuré , et dont la puissance est mobilisée .

Le masque africain remplit également la fonction de l' agent qui règle la circulation , d' autant plus dangereuse qu'elle est invisible , des énergies spirituelles éparses dans le monde .

Si la force vitale libérée au moment de la mort était laissée errante , elle inquiéterait les vivants et troublerait l' ordre .

Captée dans le masque , elle est contrôlée , capitalisée , pourrait on dire et ensuite redistribuée au bénéfice de la collectivité .

Mais le masque africain protège aussi le danseur qui , au moment de la cérémonie doit être défendu contre la force de l'instrument qu'il manipule .

Le masque africain vise à maîtriser et à contrôler le monde invisible .

la multiplicité des forces circulant dans l 'espace expliquerait la variété composite des masques où se mêlent des figures humaines et des formes animales en des thèmes indéfiniment entrelacés et parfois monstrueux.

Mais le masque africain n'est pas sans danger pour celui qui le porte .

Celui-ci , ayant voulu capter les forces de l' autre en l 'attirant dans  les pièges de son masque , peut être à son tour possédé par l' autre .

Le masque et son porteur s' intervertissent tout à tour  et la force vitale qui s' est condensée dans le masque peut s' emparer de celui qui s' était placé sous sa protection : le protecteur devient le maître .

Le porteur , ou même la personne qui voudrait seulement le toucher , doit s' habiliter au préalable à entretenir un contact avec le masque et se prémunir à l'avance contre tout choc en retour : c'est pourquoi , pendant un temps plus ou moins long , il observe des interdits ( alimentaires , sexuels ...) , il se purifie par des bains et des ablutions , il célèbre des sacrifices et des prières .

C'est un peu comme une préparation à des échanges mystiques .

Des ethnologues ont d'ailleurs rapproché l'utilisation du masque des méthodes pratiques d’accès à la vie mystique .

Carl Einstein a défini le masque africain comme une extase immobile .

jean Laude suggère plus modérément qu'il pourrait être le moyen consacré de conduire à l'extase , du moment qu'il retient en lui le Dieu ou le génie .

La force captée ne s identifie , ni au masque , qui n'est qu'une apparence de l' être qu'il représente , ni au porteur qui la manipule sans se l' approprier .

Le masque africain est un médiateur entre deux forces et indifférent à celui qui l'emportera dans cette lutte dangereuse entre le captif et la captateur.

 Les relations entre ces deux termes varient dans chaque cas ,et leur interprétation avec chaque tribu.

Si le langage chiffré des masques est universellement répandu , le code des significations n'est ni toujours , ni partout , ni en tout point le même . "

Source : Dictionnaire des symboles Jean Chevalier/ Alain Gheerbrant

Art-africain.co Une selection de masques africains à découvrir

 

Art-Africain.co est une boutique de vente en ligne de masques africains authentiques .

En matière d' Art Africain , le masque africain  joue un rôle capital pour affermir l'autorité , assurer le contrôle social et réprimer les comportements déviants d'une société ou confrérie secrète africaine .